Nous ne sommes pas en guerre, nous sommes en lutte.

illustration Laurent Vanhelle

Citoyens, citoyennes : sommes-nous en train de nous entre-tuer? De nous mitrailler les uns les autres? De nous bombarder? De nous gazer? Non évidemment! Alors nous ne sommes pas en guerre. Nous en sommes même à l’opposé: notre lutte pour résister à l’infection virale fait de nous des humains qui s’entraident pour survivre.

C’est ça notre réalité, notre fierté, face au virus. Par quelle influence, quel calcul, quel raisonnement le Président chargé de nous représenter a-t-il pu en arriver à formuler une telle contre-vérité et par sa répétition martelée, nous interdire de n’y voir qu’une expression anodine pour tenter de nous imposer une représentation aussi faussée de ce que nous vivons? Et plaquer le masque de la morbidité sur le visage de notre vitalité en lutte? En quoi ce masque sinistre est-il de nature à nous protéger? Comment la peur et l’horreur qu’il irradie pourraient-elles nous aider à apprivoiser nos angoisses, à y voir plus clair, pour nous mobiliser et nous organiser de manière cohérente et efficace?

Face au virus ce n’est pas de ce masque dont nous avons besoin; ni de ce genre de « fake news » mais de mots justes pour nourrir des pensées justes, susciter des gestes justes, encourager des actes justes, inspirer des décisions justes de la part de nous tous, dans le registre personnel comme à tous les niveaux de responsabilités professionnelles et institutionnelles. Et la lutte fait partie justement de ces mots qui font corps avec la vie, qui offrent un point d’appui pour ne pas subir, qui font de nous un ensemble humain solidaire pour relever un défi commun…

De ces mots qui parlent vrai, qui nous font du bien pour affronter l’ingrat, l’injuste et le tragique des jours présents, pour nous serrer les coudes en toute sécurité, pour donner toute leur valeur à nos efforts d’ajustements et d’engagements, des plus confinés aux plus exposés, des plus modestes aux plus héroïques.

De ces mots qui donnent de l’air, du souffle, qui ouvrent des fenêtres sur la vie au-delà de l’urgence de la survie et nous invitent à inscrire nos espoirs à l’horizon de temps prochains; en tirant parti à l’avenir de ce que cette épreuve est en train de nous apprendre; notamment en matière de sécurité sanitaire: la nécessité vitale de penser et conjuguer en même temps santé personnelle, santé publique et santé démocratique.

De ces mots qui libèrent nos imaginaires, viennent à la rencontre de nos sourires; et pourraient par exemple nous souffler de nous doter d’une Constitution plus robuste…Actant explicitement que : « Les sociétés humaines sont des ensembles vivants à but non lucratif, pas des start-ups ». Et que « dans notre République, les enfants ont le droit de jouer à la guerre, pas les Présidents ».

Bison Ravivé*

*en hommage à Boris Vian, alias Bison Ravi
à l’occasion, en cette année 2020, du 100ème anniversaire de sa naissance.