Cette approche en termes d’environnement du travail (étymologiquement « ce qui est autour de soi ») rend compte des pratiques et des convictions portées en replaçant l’acteur économique dans les relations entretenues avec des interlocuteurs nécessaires à la réalisation de son offre commerciale.

Privilégier certains fournisseurs, prestataires ou distributeurs, est une démarche qui peut participer à une économie plus équitable.

Toutefois un importateur et une librairie ambulante ne travaillant pas avec les mêmes interlocuteurs n’apporteront pas les mêmes réponses à leurs engagements.

La gestion de son environnement professionnel est une démarche complexe où des contradictions peuvent apparaître. Cette réflexion est propre à chaque acteur économique en fonction de l’activité envisagée.

Quelques exemples :
 La relation au client, par exemple, peut reposer sur le partage de ses préoccupations sociales ou écologiques. Ce souhait pourra se traduire par une communication réfléchie dans ce sens. Si on est grossiste le choix de ne pas travailler avec certains modes de distribution peut être fait.
 La relation aux fournisseurs peut s’élaborer sur un prix payé reposant sur un mieux disant social et une prise en compte des coûts et du niveau de vie du fournisseur. Ou encore, sur une sélection des fournisseurs en fonction de la nature des produits.
 Le choix des prestataires pour l’hébergement de son site, la réalisation de support de communication ou le cabinet comptable pour l’arrêt des comptes.

Tout produit proposé à la vente n’est possible que par l’action d’une chaine de personnes produisant, transformant, transportant, stockant ou vendant… De la production des matières premières à la commercialisation finale jusqu’au recyclage, toutes ces étapes constituent la filière du produit.

Schéma d’une filière

On distingue des filières courtes et longues en fonction du nombre d’acteurs :. une Amap est constituée de 2 ou 3 acteurs quand une filière d’importation de café peut en avoir une douzaine.

Les acteurs d’une filière ne sont pas toujours homogènes, ils ont des poids relatifs différends, en terme de notoriété, de chiffre d’affaires, de volumes de vente, de capacité de stockage, de force commerciale, de trésorerie etc.

Un seul acteur hégémonique peut précariser l’ensemble des acteurs d’une filière, en imposant ses propres conditions à tous les niveaux. L’exemple des pratiques de la grande distribution, qui, à la fois fait baisser le prix d’achat aux fournisseurs, exploite ses salariés, et impose un suremballage est bien connu. Mais chaque acteur économique peut s’interroger sur son propre impact sur l’ensemble de la filière.

De même l’impact environnemental (épuisement des sols, d’utilisation de matière première non renouvelable et de pollution) nécessite d’analyser l’ensemble de la filière sur les questions de production des matières premières, de distance parcourue par le produit, de moyen de transport, d’emballage etc.

C’est notamment au vu de la filière que le prix de vente au détail d’un produit peut s’expliquer. Un travail de décomposition du prix est d’ailleurs un des engagements de certains membres de Minga vis à vis du public.

“Un commerce équitable, c’est-à-dire l’équité dans les échanges économiques, concerne tous les travailleurs impliqués dans une filière (producteur, emballeur, transporteur, prestataire de service, commerçant et client). Ceux-ci doivent pouvoir décider de leur vie économique et vivre correctement de leur travail, en respectant l’équilibre écologique, que la filière aille du nord vers le sud, de l’ouest vers l’est ou en sens inverse, ou d’un voisin à l’autre…”1
Cette vision d’un commerce équitable est celle que Minga partage avec de nombreuses organisations : Confédération paysanne, Nature et Progrès, les Amaps, la Xarxa ou Coopaname…Mais qui n’est pas celle des organisations du commerce équitable les plus puissantes ( notamment de la PFCE2) et des pouvoirs publics, à tel point qu’en 2005, dans le cadre de la loi de modernisation de l’économie, le “commerce équitable” a été défini comme “des échanges de biens et de services entre des pays développés et des producteurs désavantagés situés dans des pays en développement. Ce commerce vise à l’établissement de relations durables ayant pour effet d’assurer le progrès économique et social de ces producteurs.”3
Refusant cette restriction de l’équité commerciale aux échanges nord/sud et aux seuls prix d’achat des matière premières, plusieurs organisations ont initié une pétition « Pour un commerce équitable partout, changeons la loi ! » recueillant alors plus de 6000 signatures.
Si le “commerce équitable” se restreint à un acte de solidarité qui ne se soucie pas du sort des employés et des fournisseurs de la grande distribution, s’il se résume à une niche de marché pour l’agro-industrie, il ne correspond plus à l’engagement que portent de nombreux producteurs, transformateurs, commerçants qui œuvrent pour des produits de qualité, misent sur l’intelligence des clients, sont soucieux de ne pas compromettre les équilibre environnementaux.
C’est toute la différence actuellement entre vendre du commerce équitable et s’inscrire dans une démarche pour rendre une économie équitable.

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1. p.25, Vers un commerce équitable, 2006, Minga, 2ème édition 2007
2. PFCE : Plate Forme du Commerce Équitable
3. Extrait de l’article 60, Loi n°2005-882 du 2 août 2005 en faveur des petites et moyennes entreprises.

Fiche repere : économie équitable ou commerce équitable