De « Coop Nord Biologique » à « Robin des Bio »,
une histoire aux origines de la bio à Lille.
C’est une longue histoire qui commence en 1974 à l’initiative de l’association écologiste Les Amis de la terre. Conscients des effets sur l’environnement, la santé et la qualité de l’alimentation de l’agriculture industrielle pétrochimique, quelques militants décident de soutenir une agriculture biologique. A l’époque, l’agriculture bio n’était pas « certifiée », elle n’était pas confrontée aux dérives de son industrialisation et les AMAP n’existaient pas. Ces pionniers créent donc la coopérative « Coop Nord Biologique » pour acheter directement des produits en vrac issus d’une agriculture biologique. Après avoir organisé la distribution chez desparticuliers, la coopérative s’installe dans les années 80 à Lille, à la Maison de la Nature et de l’Environnement (MNE 1) et embauche son premier salarié dans les années 90. La MNE, devenant par la suite la « Maison régionale de l’environnement et des solidarités » (M.R.E.S), restreint dans les années 2000 l’accès à ses locaux aux seules associations. Pour rester dans la « Maison », La coop Nord décide donc de se transformer en association : «Robin des Bio ».
Une bio populaire oui, une bio industrielle non !
Aujourd’hui l’association rassemble 400 adhérents et son activité permet de salarier deux permanents. L’association assure la distribution de produits bio pour ses adhérents à un prix accessible et une animation militante auprès de ses membres sur la question d’une agriculture biologique, abordée comme un enjeu de développement et non uniquement comme une niche de marché. Face à une évolution industrielle de la bio, où les rapports commerciaux reposent des rapports de force (coût/volume) et où certains producteurs ont tendance à reproduire un corporatisme professionnel, pourtant mortifère à l’agriculture en général, Robin des Bio reste attentif à construire une relation de coopération avec ses fournisseurs.
Une activité économique non lucrative en recherche de cohérence avec son objet social
Refusant de faire des profits, l’association a un modèle économique qui s’appuie sur les cotisations des membres, les marges dégagées sur l’achat/revente des produits et l’implication bénévole des administrateurs. Face au déploiement de la bio-industrielle, tenir à rétribuer correctement le travail de ses fournisseurs comme de ses salariés et à proposer des produits à prix accessibles, n’est pas une mince affaire, d’autant plus avec un lieu de stockage limité.
L’association Robin des bio sélectionne ses produits en respectant un cahier des charges plus exigeant que celui de l’agriculture biologique. Mais l’association est également attentive aux modes de production peu gourmands en énergie, favorise les circuits de proximité et écarte les produits transformés par des additifs superflus mêmes autorisés en Bio. Elle encourage les fournisseurs ayant un mode de conditionnement de leurs produits facile à recycler ou consigné et « évite les produits marketés (= pratique d’un fournisseur visant à forcer à l’achat d’un produit supplémentaire, au-delà du besoin du client. Par exemple : deux produits au lieu d’un, lot comprenant le produit de départ et un échantillon d’un autre…).» http://www.robindesbio.org/Charte-produit
Les problématiques travaillées par Minga sur la perversion des systèmes de garantie contrôlés par des officines privées (Qualité france, Ecocert…etc), sur la question de l’équité le long d’une filière, et lors des campagnes « Alimentons-nous » menées pour rendre l’ensemble de l’agriculture biologique et non seulement « faire » de la bio, font fortement écho aux convictions qui animent Robin des Bio. une adhésion qui se traduit également par la vente des produits de fournisseurs adhérents à l’association : Azade, qui commercialise des jus de fruits en provenance d’Arménie ; Saldac, qui propose des produits du Pérou (chocolat, café., quinoa…)
Robin des Bio
23 rue Gossellet
59000 Lille
http://www.robindesbio.org/
1 – La MNE située 23 rue Gossellet à Lille étant au passage issue d’un accord de désistement politique, lors des municipales de 1978, entre Pierre Mauroy candidat socialiste et Pierre Radanne candidat écologiste, et permanent des amis de la terre à l’époque devenu par la suite directeur l’ADEME.