Non à la « ruée vers l’or vert » ! 1
La proposition de vente, sur le site « le bon coin », d’une « Micro ferme verger en permaculture » de 2,6 hectares, sans logement, à Edern, dans le Finistère, a de quoi faire bondir : selon les données de la SAFER, 200 000 euros, c’est 16 fois le prix moyen de l’hectare !
Que ce prix comprenne une part d’équipement, d’arbres, de plants et d’animaux, n’y change rien : comment des jeunes pourraient s’installer à ce prix sans se surendetter leur vie entière et dégager un revenu décent de leur travail ? Comment, avec un tel niveau de prix, les jeunes générations pourraient-elles « bifurquer » et relever les défis que les aînés leur laissent en héritage ?!
Comme pour la plateforme Airbnb, l’acheteur et le vendeur n’ont sans doute pas l’impression de déranger quiconque avec cette transaction, mais cette offre reste le reflet d’un individualisme libéral qui perd tout sens commun.
Alors qu’il est tout à fait possible de vivre de son travail en produisant une alimentation de qualité et accessible sur 2 hectares, une telle spéculation l’interdit à toutes celles et ceux qui en ont la compétence, mais pas de patrimoine pour l’exercer.
La multiplication de ce type d’investissement spéculatif va inévitablement engendrer des tensions, des frustrations et de la violence. Il est urgent d’agir ensemble, avec tous les habitants, pour sortir les territoires ruraux de la spéculation.
1 – « Lorsque l’économie est en crise, les investisseurs ont besoin d’être rassurés et ils s’orientent alors vers des produits financiers sûrs, peu affectés par la crise, voire même qui peuvent se bonifier quand les bulles spéculatives, elles, se dégonflent. C’est le cas de l’or ou encore des investissements dans la pierre. La vraie nouveauté, ici, c’est que ce n’est peut-être pas le marché de l’immobilier en ville qui pourrait cette fois en tirer les plus grands bénéfices ! » (La ruée vers l’or vert, tribune de JM Esnault – DG de The Land, https://www.the-land.bzh/2021/04/07/la-ruee-vers-lor-vert/)