Dans le cadre de la campagne « alimentons les régions », les éditions du Linteau rééditent le livre « Utopie foncière » d’Edgard Pisani. Avec ses cinq années à la tête du ministère de l’Agriculture de 1961 à 1966, ses deux années à celle du ministère de l’Équipement en 1966 et 1967, l’auteur, plus que d’autres, a été confronté à la forteresse de la propriété foncière. Son livre est l’aboutissement d’une longue expérience et d’une non moins longue réflexion. Il y a trente-cinq ans, mais les propositions qu’il apporte – reprises dans les cent une propositions de François Mitterand et de l’Union de la Gauche en 1981 – ont achoppé l’année suivante sur les propriétaires et les secteurs agro-alimentaire et bancaire.
« J’ai longtemps cru que le problème foncier était de nature juridique, technique, économique et qu’une bonne dose d’ingéniosité suffirait à le résoudre. J’ai lentement découvert qu’il était le problème politique le plus significatif qui soit, parce que nos définitions et nos pratiques foncières fondent tout à la fois notre civilisation et notre système de pouvoir, façonnent nos comportements. »
« Entre l’avoir, l’être, le savoir, le faire, le paraître et le pouvoir, qui absorbent toutes nos énergies, l’avoir l’emporte aujourd’hui car il donne le pouvoir, permet le paraître, domine le faire et dispense d’être et de savoir. »
L’appropriation du sol réglée par le code Napoléon n’est pas universelle ni intangible : un nouveau rapport au sol, aussi bien rural qu’urbain, est possible.
C’est donc à une révolution que l’auteur nous convie : celle d’une maîtrise collective du sol, plus économique, plus respectueuse des écosystèmes.
Inscrite au programme de l’Union de la Gauche en 1981, elle reste toujours à faire.
Publié en 1977, ce livre n’a pas pris une ride.