Faut-il renoncer à se rétribuer quand on produit un bien commun ?

capture-decran-2016-12-06-a-20-16-20Comprendre le monde pour agir sur son devenir est une liberté qui fonde notre humanité.
Aujourd’hui la financiarisation de l’économie qui aspire à vouloir tout privatiser restreint cette liberté d’accès à la connaissance. Avoir l’usage d’un bien, oui, mais comprendre comment il fonctionne pour l’améliorer, le réparer, le détourner, l’embellir… non ?
Face à de nouvelles formes d’ « enclosures », les producteurs de logiciels libres, les artisans semenciers, divers créateurs d’objets, d’oeuvres et de services sont confrontés à la question commune de leur modèle de développement économique pour tirer un revenu décent de leur travail.

En clôture du second workshop organisé dans le cadre du programme européen CHIC* , la coopérative Libre Informatique, l’organisation des artisans semenciers et l’Open Fab de Bruxelles viennent partager leur expériences et croiser leurs perspectives de développement avec tout professionnel et citoyen intéressés par la question, le jeudi 15 décembre à 18h à la coopérative Point Carré.

Comment amortir un travail d’investissement professionnel quand on est sur une démarche de copyleft ou que l’on refuse de déposer un brevet, un copyright sur le vivant ou les ressources culturellles ? Comment développer un marché, fidéliser une clientèle quand elle peut avoir accès au code source du logiciel développé ou reproduire par elle-même les graines selectionnées ? Comment faire comprendre à un client que ce code source sera également accessible à un concurrent ? Comment faire appréhender la valeur ajoutée d’un travail à un client qui sera aussi contributeur au développement de la solution proposée en l’adaptant à un usage ou à un écosytème précis (caractéristiques propres à un métier, taille de l’activité, mode d’organisation du travail, aspect géographique, propriétés des sols, du climat…) ? Quelles sont les conditions d’accès aux biens communs quand les industries culturelles comptent sur les droits d’auteurs pour développer leurs intérêts privés ? Comment bénéficier des aides publiques (subventions, incitations fiscales…) liées aux activités de recherche et développement ? Peut-on décemment éluder la question en comptant sur l’instauration d’un revenu universel ou la rétribution par des stocks options ?

De nos jours, dès que l’on a un niveau d’exigence professionnelle qui consiste à bien faire son travail avant de savoir quel bénéfice l’on va en tirer, l’on se retrouve de facto fragilisé. Mais négliger la question de la rétribution d’un travail de producteurs de biens communs, c’est offrir une opportunité aux entreprises capitalistiques de réduire leurs coûts de recherche et développement.

Cette question, au coeur des enjeux démocratiques de l’espace européen, pose celle des rôles de la société civile, de la recherche et plus globalement des politiques publiques dans la définition de nouveaux modèles de développement. Elle croise les travaux du programme européen CHIC* auquel la communauté d’agglomération Plaine commune, la Cité de l’architecture, la coopérative Point carré et l’association Minga sont associés.

Ils invitent les professionnels et citoyens concernés à venir en discuter, en partant des réalités professionnelles concrètes vécues par des producteurs de semences paysannes, de logiciels libres, et de réalisations culturelles.

capture-decran-2016-12-06-a-08-46-04Un projet européen (Europe Creative) qui expérimente de nouveaux processus de conception et de fabrication design en Open Source et regroupe 7 organisations (France, Italie, Espagne, Belgique et Lettonie) autour de différents domaines : design, culture du libre, économie équitable, développement local, éducation populaire et technologies numériques. Il explore de nouvelles conditions de développement économique à l’échelle européenne grâce à la coopération, l’approche ouverte et l’usage des technologies numériques croisées aux savoir-faire artisanaux.

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