« À l’abattoir
j’y vais comme on irait
À l’abattoir
C’est peut-être l’aboutissement, le paradigme, le
résumé, le symbole et même bien plus que ça de ce
que peut être
L’industrie agroalimentaire »
Joseph Ponthus,
« À la ligne, Feuillets d’usine »
En hommage à l’écrivain Joseph Ponthus récemment décédé, nous rappelons l’importance de son livre « À la ligne, Feuillets d’usine » édité en 2019.
Ce livre puissant, d’une écriture vive et singulière, sans pathos, parle des conditions de travail déshumanisant dans les usines de l’agro-industrie bretonne qu’a vécu son auteur. Son ouvrage n’est pas un travail d’immersion, ni un travail d’enquête, mais l’expression d’un vécu pour gagner sa vie, d’une mise en mots sur des conditions de travail indignes pour sauver sa peau. Il exprime la dignité humaine de ses collègues de travail qui subissent une vie d’exploitation rythmée par les agences d’intérim et le besoin saisonnier de l’agro-industrie.
Il est l’expression parfaite d’un artiste tel que le définissait Albert Camus : « Embarqué me paraît ici plus juste qu’engagé. Il ne s’agit pas en effet pour l’artiste d’un engagement volontaire, mais plutôt d’un service militaire obligatoire. Tout artiste aujourd’hui est embarqué dans la galère de son temps. Il doit s’y résigner, même s’il juge que cette galère sent le hareng, que les gardes-chiourme y sont vraiment trop nombreux et que, de surcroît, le cap est mal pris. Nous sommes en pleine mer. » (discours du 14 décembre 1957 «l’artiste et son temps », l’Université d’Uppsala)
Merci à Joseph Ponthus de nous inviter, par le mouvement de son écriture, à nous embarquer dans la lecture.