Installée à Menetou-Salon dans le Cher depuis la fin des années 80, la menuiserie Girard est une entreprise artisanale familiale gérée par Marianne et Pierre (alias Dimitri).
Après des études aux beaux arts de Bourges en section céramique, Marianne est impliquée en tant que conjointe collaboratrice. Dimitri, son mari, est menuisier de métier. La menuiserie est installée dans l’ancienne gare de Menetou-Salon dont la ligne SNCF désaffectée, est devenue un sentier de randonnée; la gare de voyageurs, leur lieu d’habitation, et la gare de marchandise, leur atelier.
Adhérent à la CAPEB (Confédération des Artisans et Petites Entreprises du Bâtiment), l’entreprise adhère également la MPF (Maison Paysanne de France), puis s’engage dans le mouvement naissant de la construction écologique. En 2005, la menuiserie adhère au Réseau ECOBATIR. L’éthique, la recherche de discernement ainsi que la richesse des échanges qu’ils vont y trouver, vont fortement influencer l’évolution de leur activité. Dimitri (alias Pierre) suit également une formation en menuiserie ancienne. Ces démarches leur font prendre une distance avec les injonctions de mise en conformité de l’activité qui en font oublier sa dimension artisanale. Ils s’accrochent depuis fièrement à leur identité d’artisans, en s’attachant à s’approvisionner en bois de proximité et à développer une relation plus exigente à la clientèle afin de faire comprendre le bénéfice réel et durable d’un ouvrage artisanal par rapport à une marchandise industrielle standardisée.
C’est à travers l’implication dans le Reseau ECOBATIR que l’entreprise rencontre Minga lors d’une intervention au sujet des normes et de la garantie. Attentive à l’évolution du positionnement de Minga qui s’inscrit dans le monde du travail et des métiers, Marianne adhère à titre individuel et fait notamment le lien entre Minga et le Réseau ECOBATIR.
Aujourd’hui, la menuiserie GIRARD adhère en tant que personne morale pour plusieurs raisons :
– échanger sur le développement de l’artisanat au-delà d’un corps de métiers et d’une filière d’activités. Malgré leurs utilités, Marianne et Dimitri jugent les organisations professionnelles de leur secteur trop influencées par l’industrialisme. Les normes et les incitations fiscales en sont une illustration qui rendent les menuisiers dépendants de donneurs d’ordre industriels et de fabriquants de matériaux profilés en PVC, qui éloignent la menuiserie de son cœur de métier : concevoir et réaliser des ouvrages en bois, plutôt que de poser des produits. Ce constat vaut pour l’ensemble de l’artisanat dans le bâtiment, où le développement de logiciels informatiques et la diffusion de plans standardisés contribuent à déposséder un peu plus l’artisanat du travail de conception.
– réfléchir avec d’autres entreprises au renforcement d’une économie de proximité, ancrée dans un territoire, adaptée à une géographie, attentive aux enjeux écologiques, tirant le meilleur parti d’une culture locale.
– remettre en question des stéréotypes idéologiques encore culturellement très présents qui voient dans la concentration des moyens de production une source de progrès sociaux.
– travailler la notion de «prix équitable», qui rétribue mieux le travail, en encourageant des coopérations économiques territoriales et de réseau, au sein de la profession et dans une filière de production.
Marianne et Dimitri sont convaincus que le développement de l’artisanat dans un sens large est un vecteur d’émancipation professionnelle où l’on peut se réaliser, aussi dans son activité professionnelle, et réconcilier l’écologie avec le monde du travail. Pour eux, l’attention à des moyens de production plus économes en ressources pour la réalisation d’un bien ou d’un service utile est plus efficiente quand on maîtrise un métier. Devoir réduire son travail à l’application stricte d’une norme industrielle, souvent absurde, pensée du haut vers le bas, fait vite perdre le sens des responsabilités, et avec elle, l’identité même de ce qu’est un artisan. Face à la privatisation des connaissances, l’échange de savoir-faire et la transmission de l’héritage des cultures du métier, est une préoccupation professionnelle constante pour défendre l’identité artisanale de la profession de menuisier.
Refuser de dissocier dans une entreprise artisanale «la pensée de l’action, le travail manuel du travail intellectuel», de considérer qu’il y a d’un coté des tâches nobles de production dans un atelier, et de l’autre, des contraintes administratives dans un bureau, est au cœur du dialogue permanent entre Marianne et Dimitri, au cœur de leurs engagements professionnels dans la menuiserie, pour garantir son autonomie.
Menuiserie Girard
« la gare »
rue de la gare
18510 Menetou-Salon
02 48 64 85 58
http://menuiseriegirard.blogspot.fr/