Ou bien l’agriculture biologique est un projet politique, ou bien elle n’a pas d’avenir.

« Bloquer les conversions » pour enrayer la crise du bio : telle est la stratégie disruptive du président de la chambre Agriculture France, Sébastien Windsor. Voilà bien l’aveu d’un raisonnement absurde qui confond le marché avec l’économie, préfère le choix de la destruction à celui de la transition écologique, est prêt à réduire l’offre alimentaire pour faire monter les prix, alors même qu’une grande partie de la population a faim. Ce raisonnement enferme l’agriculture biologique dans une niche de marché accessible à une partie privilégiée de la population, quand une autre partie des consommateurs, de plus en plus nombreux, doit se contenter d’une alimentation industrielle de mauvaise qualité, même lorsqu’ils sont attentifs à leur santé et à celle des agriculteurs.trices. Ce discours entérine la vision scandaleuse d’une inégalité irréductible face à l’alimentation (besoin essentiel s’il en est) qui contribue à faire monter les frustrations et les tensions dans la société.

Ce qu’illustre aussi ce raisonnement absurde, c’est la négation de la gravité des crises écologiques et agricoles.

Négation de la crise écologique, en cohérence avec une idéologie qui préfère la technologie à la science, qui ne respecte la nature que lorsqu’elle sert les intérêts du capital, qui refuse tout changement de mode de vie qui priverait du droit à polluer et à détruire pour faire du profit.

Négation de la crise agricole, à l’heure où même le Président de la République reconnaît (enfin) que la fixation d’un prix plancher est nécessaire pour garantir une rétribution juste et équitable du travail agricole, ce que ni le marché ni la PAC actuelle ne permettent.

Face à ce type de propos, les organisations de l’agriculture biologique ont tout intérêt à :

  • réaffirmer leur dimension politique, qui ne se réduit pas seulement à l’application d’un cahier des charges,
  • s’associer à la mobilisation pour faire émerger la nécessité d’un revenu agricole minimal pour que les paysan.nes puissent vivre dignement d’un travail indispensable à la société
  • revendiquer les aides à la conversion, à l’installation et à la recherche publique, et ne pas se contenter de quelques trafics de subventions pour espérer relancer une… niche de marché !

Nous voulons une agriculture biologique pour tous.

Conception graphique et illustration Laurent Van helle

L’alimentation de tous doit être biologique