Produire dans le respect du vivant est un enjeu vital.

Nous sommes à l’heure des choix : face aux réalités biologiques conséquentes à l’effondrement de nos écosystèmes, « faire ensemble » n’est pas un front secondaire. La violence de la guerre menée contre le.s vivant.e.s. appelle à rompre avec l’héritage colonial, extractiviste et déshumanisant, qui marque nos sociétés industrialisées en renouvelant une pensée humaniste qui re-mobilise le monde du travail, re-fonde nos rapports aux vivant.e.s et s’oppose à cette fuite en avant positiviste et réactionnaire qui s’affranchit de toute réalité biologique et fait table rase de tous les enseignements tragiques de notre histoire. Minga ne peut donc que se joindre aux signataires de cette tribune avec enthousiasme. Et pour en faire autant, c’est par là : signer la tribune.

 » Le fondement de l’agriculture biologique repose avant tout sur un engagement agricole selon lequel il est impossible de produire durablement une alimentation de qualité en maltraitant les écosystèmes. Son axiome est que la terre n’est pas un support de production inerte, mais un milieu vivant qui conditionne la qualité d’une production agricole.

Le changement climatique est une réalité présente qui impacte lourdement et durablement les écosystèmes et les productions agricoles. L’érosion biologique, la pollution des sols et l’épuisement des ressources ne sont pas des opinions. Ce sont des faits têtus, scientifiquement étayés.

La guerre contre le vivant est perdue d’avance. Les cultures agricoles artificialisées et hors sol, les OGM, les nouvelles techniques génomiques, la remise en cause du principe de précaution et la privatisation du vivant, toutes ces tentatives n’y changeront rien.

Nier les réalités biologiques, c’est nier notre propre condition d’être vivant, c’est hypothéquer la sécurité alimentaire du pays. Jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas sur Mars que l’on pourra cultiver des légumes !

Il va falloir réapprendre rapidement à coexister et coévoluer avec les espèces vivantes végétales et animales pour produire notre alimentation.

Les plantes cultivées, comme les animaux d’élevage, sélectionnés pour être performants et rentables perdent en réalité leurs capacités à évoluer, à résister aux pathogènes et à s’adapter à l’environnement changeant. Cela va immanquablement impacter l’ensemble des productions alimentaires. Les conséquences de cette érosion génétique se ressentent déjà partout dans le monde.

Après la culture, viennent les étapes de transformation, d’emballage et de transport. Tous les métiers sont concernés pour construire l’alimentation de demain, moins consommatrice de gaz à effet de serre et de plastique notamment, qui pollue les sols et les océans. Cela renvoie également à la nécessité de reconstruire des équipements adaptés sur chaque territoire pour rationaliser les flux de denrées alimentaires.

La tentative de fermeture de l’Agence Bio, comme les attaques systématiques contre l’Office français de la biodiversité (OFB) et ses agent·es , et comme la volonté du Sénat de réintroduire l’usage des néonicotinoïdes (malgré les preuves scientifiques sur la destruction des abeilles) révèlent une politique irresponsable qui confond l’intérêt du plus fort avec l’intérêt général.

Mais cette fuite en avant des tenants d’une agriculture productiviste est aussi l’aboutissement d’une trop longue période de dépolitisation du sujet de la bio par les acteurs eux-mêmes.

Rappelons que le secteur de la bio représente aujourd’hui 13 milliards d’euros, 215 000 emplois, 61 000 fermes et 24 000 opérateurs sur l’ensemble du territoire et qu’il s’agit de la première surface bio cultivée en Europe !

La question est non seulement de nous organiser à la hauteur de ce que nous représentons déjà, mais de nous donner dès à présent les moyens de relever les défis alimentaires et environnementaux qui sont en jeu.

Cela se pense forcément dans la diversité des territoires, en respectant l’éventail des métiers, en y associant les élu·e·s locaux qui le souhaitent.

Sans organisation puissante et autonome, la « rationalisation » de la filière bio se fera toujours au détriment des professionnel·le·s de la filière, et notamment les plus exposé·e·s : les agriculteurs·trices ! Plus grave, nous serons incapables de relever les défis alimentaires que nous renvoie l’érosion de la biodiversité cultivée et sauvage conjuguée au réchauffement climatique. C’est donc autour d’une politique ambitieuse qui associe tous les acteurs de la filière professionnelle que nous devons nous organiser dans tous les territoires. Non plus seulement du « champ à l’assiette », mais de « la graine à l’assiette », depuis les artisans semenciers et les artisanes semencières qui sélectionnent les semences de demain en plein champ, des cultivateurs·trices et des éleveurs·ses, des chercheurs·ses, des enseignant·e·s, les agent·e·s des collectivités locales, en passant par les transformateurs·trices, les cuisiniers·ères, les distributeurs.trices jusqu’aux consommateurs·trices. Ceux-là savent bien qu’un produit agricole qui nourrit bien n’est pas une marchandise industrielle standardisée, mais bien un produit issu d’une culture agricole qui sait travailler et évoluer avec le vivant.

Professionnel·le·s, militant·e·s, scientifiques, prenons date en région pour échanger, coopérer, lutter et nous organiser. »

Premiers signataires : Graines de Liberté – Hadoù ar frankiz (coopérative semencière), Azade (distributeur bio et solidaire), Coopérative Biocoop, les racines du ciel (ligne de vêtements écologiques), association Minga faire ensemble, Le Fournil Bio (boulangerie ), PIG BZH = Pisseurs.sseuses Involontaires de Glyphosate de Bretagne, entreprise Nicolas Supiot (paysan boulanger), Pépinière de la Découverte (horticulteur-herboriste), SCOP Aux Ateliers de la Liberté (Biscuiterie bio l’Oie Gourmande), café citoyens de Lille, Faucheurs volontaires d’OGM de Bretagne, Syndicat National de l’Enseignement Technique Agricole Public Fédération Syndicale Unitaire (SNETAP-FSU), Altaïr Plantes (producteur d’infusions bio et demeter), Association de  » Défense des Victimes des Marées Vertes » , Les Cru’c (Conserverie par lactofermentation), Necense (soft drink), Coopérative Finisterra, membre du réseau Biocoop, Brasserie bio Moulins d’Ascq (Brasseurs), Les Maraîchers de la Coudraie (Le chantier d’insertion maraîcher), We Vrac (magasin bio), Nature & Progrès Haute-Bretagne, les 7 épis Biocoop, Bourgeons (ferme maraichère bio Plouhinec), la pépinière « DES FRUITS DES FLEURS », LiMeuhnaderie Solibulles / Meuh Cola ( Soft Drink Normandie), restaurants « Sweet Flamingo et Banana Drama » à Lille, POP Maté (l’infusion naturellement énergisante de maté), D’une graine aux autres (accompagnement à la sélection des semences biologiques), Floretraiteur(Cocktail & Buffet végétarien), L’association Plestin Environnement, Biocoop La Belz’Saison, La FLB56 (Filière Locale Bio 56), magasins Biocoop Traou an Douar, Douargann, Douar Bihan, association les jardin de Thorains/creft, EARL les jardin de Thorains (établissement semenciers), Université des sciences et des pratiques gastronomiques, AudiES Bretagne (cabinet d’expertise comptable), Le Réseau Semences Paysannes, Le Terroir GRINOU (viticulteur), Occ Bio Graines (grossiste en légumineuses et céréales bio), Mouvement de l’Agriculture Bio-Dynamique, La fédération Nature & Progrès, Association Mode et Impacts, Brasserie Deck & Donohue, Payzan (transformateur), brasserie de l’Être, Youpi et voilà au Théâtre cantine populaire, Oé (Vins et champagne bio et soda botaniques), Restaurant « Santa Rosalia » Toulon, Biocoop L’Authentk Saint Malo / Cancale, Restaurant « les résistants » Paris, Restaurant-boutique « A la fontaine au beurre » à Locminé, Le syndicat des SIMPLES (syndicat de producteurs et productrices de plantes aromatiques et médicinales) , Biocoop Scarabée – Rennes, Terre et Fourchette (plats de saison cuisinés avec des ingrédients certifiés bio et locaux dans des bocaux consignés) , magasin BioMonde Lahonce. Bretagne contre les fermes-usines , Magasin BIOMONDE – AUTREMENT BIO Bailleu, BOCAVRAC (épicerie vrac & bio Rueil-Malmaison), Jardins de Vauvenise, Biocoop Biogastell (Plougastel) , Biocoop Baradozig (Le Relecq Kerhuon), Yerba-Mate Accent (Distrib BIO et Consigné), Réseau Animer l’Agroécologie (réseau national de transmission de l’agroécologie), CO.CE.BI. coopérative céréalière biobourgogne, UBS Union Bio Semences, la coopérative céréalière Biocer, Le collectif Bassines non merci, Bio en Hauts-de-France (groupement régional de l’AB, réseau FNAB), APROBIO Interprofession bio des Hauts-de-France, L’Alliance des Tables Libres et Vivantes, Miel’hery du Luberon (‌Apicultrice dans le Vaucluse), La confédération paysanne Bretagne.

Économie Sociale et Solidaire : pour en finir avec la politique de complaisance, de la collaboration à la coopération dans tous les territoires

A l’heure où nous traversons une crise institutionnelle majeure, il semble impératif d’ouvrir dans tous les territoires des débats qui clarifient le projet de société défendu à travers nos divers engagements; des débats qui mobilisent toutes les personnes confrontées au tensions et violences que la situation engendre, y compris les syndicats, les élus locaux, les associations, les entreprises et leurs réseaux, sans plus se raconter d’histoires ni en conter à d’autres. L’importance de mener un tel débat ouvert à l’ensemble de la société, nous l’avons longtemps porté dans le milieu de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), sans grand succès1. Se positionnant le plus souvent du « côté du manche », ses têtes de réseau n’ont cessé de se couper de celles et ceux qui relèvent précisément leurs manches. Mais il est toujours temps. Ce texte est une nouvelle invitation à ouvrir le dialogue, pour en finir avec un corporatisme délétère et renforcer les luttes et les initiatives portées par la même perspective émancipatrice que l’ESS à ses débuts.

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Appel à rejoindre le Front Populaire, social et écologique pour les élections et après.

TABULA RASA – Laurent Vanhelle

La période que nous traversons n’est pas seulement une crise politique, elle est une crise institutionnelle profonde. Elle est l’aboutissement d’une marginalisation systématique de tous les corps intermédiaires mais aussi d’une confusion délétère, portée a son paroxysme par le chef de l’État, entre présider une république et gouverner un pays. Cette confusion met en danger l’État de droit par son alliance servile avec le capitalisme financier et ouvre la porte du pouvoir aux forces réactionnaires, nostalgiques d’une république qui se voulait empire. On en mesure aujourd’hui les dégâts en Nouvelle Calédonie, ainsi que dans la relation entretenue aux quartiers populaires. Continuer la lecture

Ou bien l’agriculture biologique est un projet politique, ou bien elle n’a pas d’avenir.

« Bloquer les conversions » pour enrayer la crise du bio : telle est la stratégie disruptive du président de la chambre Agriculture France, Sébastien Windsor. Voilà bien l’aveu d’un raisonnement absurde qui confond le marché avec l’économie, préfère le choix de la destruction à celui de la transition écologique, est prêt à réduire l’offre alimentaire pour faire monter les prix, alors même qu’une grande partie de la population a faim. Ce raisonnement enferme l’agriculture biologique dans une niche de marché accessible à une partie privilégiée de la population, quand une autre partie des consommateurs, de plus en plus nombreux, doit se contenter d’une alimentation industrielle de mauvaise qualité, même lorsqu’ils sont attentifs à leur santé et à celle des agriculteurs.trices. Ce discours entérine la vision scandaleuse d’une inégalité irréductible face à l’alimentation (besoin essentiel s’il en est) qui contribue à faire monter les frustrations et les tensions dans la société. Continuer la lecture