À la mémoire de Rémi Fraisse.
Botaniste tué le 25 octobre 2014 par un tir de grenade à 21 ans
à Sivens, dans le Tarn pour avoir tenté de préserver une zone humide.
Notre première pensée va aux personnes qui sont entre la vie et la mort, grièvement blessées à Sainte Soline pour avoir agi afin de préserver le bien commun qu’est l’eau. Nous pensons aussi à toutes les personnes qui, par leur engagement journalistique, syndical, associatif et partidaire sont menacées physiquement. C’est le signe inquiétant du changement de régime d’un pouvoir qui a renoncé au dialogue des idées et des faits, et à l’État de droit garant des libertés fondamentales.
Nous, humains, pensons à toutes les victimes dont le corps et l’esprit ont été blessés.
Les premiers responsables de la violence qui s’est déchaînée à Sainte-Soline, de ce qui est une véritable tragédie, sont le chef de l’État, sa première ministre et son gouvernement. Telle est bien l’impasse où conduit le refus de tout dialogue avec les corps intermédiaires, avec la population, avec la jeunesse. Le gouvernement veut que la seule alternative à sa politique soit la violence. Cette violence d’État préméditée à Sainte-Soline en préfigure d’autres, hélas. Il n’est clairement plus question de maintien de l’ordre, il s’agit d’une politique délibérée de terroriser la population. Celle de nous conduire à renoncer à nous engager, à penser, à être citoyennes et citoyens de la République ; à perdre le sens même de ce qu’est la République, la ‘res publica’, la « chose commune ».
Seuls le partage des idées, le débat et l’examen des faits permettront de rétablir notre commune humaine condition, si fragile, tout comme le partage de l’eau dans notre commune nature avec les autres vivants.
Seuls l’approfondissement de la démocratie et la compréhension du cycle de l’eau nous permettront d’échapper à la guerre de l’eau. L’eau est elle aussi chose publique, une res publica.
Que cette tragédie à Sainte-Soline donne naissance à un nouvel élan pour la démocratie : faisons à nouveau de la République un idéal humaniste commun.
Minga, le 3 avril 2023