Archives de catégorie : Numérique et nouvelles technologies

Minga quitte Facebook. Construisons des réseaux vraiment sociaux !

Si nous nous alarmions des dangers que représentent les GAFAM — Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft  (http://minga.net/actions-2/big-data-big-brother-big-problems/) — et redoublions d’inquiétude quand des représentants de l’état en venaient à croire (et à faire croire !) que les nouvelles technologies et plateformes numériques favoriseraient la démocratie  ( http://minga.net/appel-mon-projet-pour-la-planete-un-like-nest-pas-un-vote/ ), nous avions continué d’alimenter notre page Facebook, jusqu’à ce jour.

Contrairement aux croyances des adeptes du « solutionnisme technologique » et des positivistes de tout poils, aucun outil n’est jamais neutre et celui-là nous façonne plus que nous pouvons l’appréhender : la multinationale Facebook mobilisant les moyens des sciences (neurologiques, psychologiques, cognitives…) pour nous rendre dépendants de son réseau social, elle a vite fait d’orienter nos conduites à coup de sécrétion de dopamine (https://www.arte.tv/fr/videos/085801-002-A/dopamine-2-8/ )

Si les effets destructeurs de ce type d’outil sur notre santé et l’évolution de nos manières de penser et d’interagir en société sont encore trop peu étudiés ou rendus visibles, le caractère néfaste de Facebook sur la démocratie est déjà largement renseigné. Le scandale de Cambridge Analytica suffit à montrer comment les données collectées par Facebook ont servi à élire Trump ou à influencer le scrutin du Brexit. Et quand on entend, à l’occasion du débat sur l’application numérique de contact tracing « stopcovid », un Secrétaire d’État chargé du Numérique déclarer « l’urgence d’inscrire le numérique au cœur du travail de nos institutions, non pas comme une matière en soi mais comme une grammaire qui détermine toutes les autres», il y a de quoi réagir ! C’est une attaque contre la démocratie, c’est une menace contre nos humanités, nos capacités de pensée en tant qu’êtres humains.

La crise sanitaire du Covid, et les restrictions qui en découlent, renforcent les promoteurs et les outils d’une « société sans contact » et cela nous oblige à poser des actes. En tant qu’êtres humains, nous sommes des sujets sociaux et les réseaux sociaux comme Facebook sont plus asociaux qu’il y paraît. Ils nous détournent des lieux, du temps et de l’attention à consacrer aux rencontres physiques, à des échanges sensibles, à des débats de fond, à des prises de responsabilité individuelle et collective, qu’aucune Intelligence Artificielle ne peut ni ne doit remplacer.

Minga a donc décidé de se désengager de Facebook.

Aujourd’hui, il apparaît crucial de réinvestir l’espace public et d’encourager des convergences à même de s’émanciper du productivisme et de répondre à des préoccupations vitales, à partir du seul lieu où elles s’enracinent : depuis le monde du travail, des métiers et de toutes les luttes menées sur nos territoires de vie.
Pour rester ou entrer (vraiment !) en contact, cela peut commencer parou par ici. Nous nous penchons également sur l’usage du flux RSS, en hommage à son inventeur Aaron Swartz, militant d’un usage de l’internet du temps où l’on croyait qu’il pouvait contribuer à démocratiser le monde, avant qu’il ne devienne aussi un instrument d’oppression au service d’idéologie totalitaire.

Le progrès technologique n’est pas un bien en soi.
Apprenons ensemble à distinguer les outils qui libèrent, des machines qui asservissent.
Apprenons à penser et à affronter ensemble le GAFASCISME

Application numérique StopCovid : le « contact tracing » des humains, c’est NON

et encore plus NON

sans débat dans une démocratie pleinement établie !

Pour préparer le déconfinement, le président propose le déploiement d’une application sur les smartphones qui permettrait d’ « identifier les chaînes de transmission » du virus intitulée « Stop Covid ». Cette application permettra de savoir si vous avez été en relation avec une personne atteinte par le Covid. Cette « proposition » sera soumise au Parlement le 28 avril.

Comme le soulignent beaucoup d’informaticien·nes, syndicalistes, chercheur·ses et professionnel·les du droit ( voir par exemple l’analyse de la Quadrature du Net , cette contribution d’universitaires et de solidaires informatique), alors que l’efficacité sanitaire de ces technologies sur la pandémie est très discutable, le risque d’atteinte durable à nos libertés individuelles est par contre très sérieux. Appuyée par l’énorme puissance technologique, financière et idéologique des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) qui comptent parmi les grands bénéficiaires économiques de la crise sanitaire mondiale, la tentation des classes dirigeantes de passer d’un état de droit à un régime de surveillance généralisée de la population est bien réel et nous concerne toutes et tous, pendant et après l’épidémie.

Quand des initiatives appellent à la mise en place d’applications de « tracing » humain présentées comme acceptables parce que portées par des structures coopératives, au nom d’idéaux démocratiques, il y a de quoi être consterné. Pour le mouvement coopératif, pour l’ensemble du mouvement de l’économie sociale et solidaire, pour le mouvement des communs, mais aussi pour l’ensemble de la société et des élu·es c’est aujourd’hui l’heure du choix. Comment imaginer qu’au nom du peuple français, des élu·es de la République entérinent un tel blanchiment totalitaire ?

Il y a des moments où pour défendre nos libertés, notre responsabilité c’est de trancher entre un oui ou un non : il n’y a pas de place pour l’abstention. Pour nous, c’est NON.

le 23 avril 2020

#StopCovidNon

Minga, La Quadrature du Net, la Confédération paysanne, l’Alliance Slow Food des cuisinières et cuisiniers, le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo, Collectif des Livreurs Autonomes de Paris, Collectif des Associations Citoyennes, le Syndicat des Récoltants Professionnels d’Algues de Rive de Bretagne, le syndicat des artisans semenciers, la coopérative les oiseaux de passage, la scop EKITOUR, la coopérative Pointcarré , le syndicat solidaires informatique, la coopérative Hôtel du Nord, Mobicoop,Studios Singuliers, À+ c’est mieuxSantecoop,Biocoop les 7 Épis,

 

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Appel « Mon projet pour la planète » : Un « like » n’est pas un vote !

Illustration : Laurent Vanhelle

Comme beaucoup d’autres associations et de professionnels qui essayent de tenir une cohérence entre leurs actes et leurs idées, estimant que leur engagement répond à l’intérêt général, nous avons répondu à un appel a projet lancé par le ministère de la transition écologique et solidaire, l’Agence française pour la biodiversité et l’Ademe intitulé « Mon projet pour la planète ». Continuer la lecture