Depuis la fermeture du cinéma « la clef » en 2018, la Clef Revival, un groupe de travailleur.euse.s du cinéma et d’habitant.e.s a décidé d’occuper ce lieu emblématique du quartier latin parisien, pour poursuivre son activité de diffusion et rencontres cinématographiques. Jusqu’à leur évacuation le 1er mars, leur lutte n’a cessé de s’intensifier pour continuer d’offrir, dès 6h du matin, des projections d’œuvres originales qui s’écartent des canaux commerciaux et industriels des médias de masse. Et la profession a suivi.
Largement soutenue et relayée par les artistes et techniciens du cinéma, comme ici avec cette tribune, cette mobilisation a contraint le groupe SOS, pivot du social business en France, à retirer son offre de rachat des murs. De son coté, la mairie de Paris a enfin pris la mesure de ce qui se joue et s’incarne dans ce lieu. Pourvu qu’elle prenne maintenant ses responsabilités, en le préemptant ! Et pourvu aussi que les organisations de l’Economie Sociale et Solidaire prennent enfin leurs responsabilités pour défendre l’émancipation et la démocratie face aux tenants d’un social business qui s’affranchit du monde du travail et des métiers et impose un standard d’entreprise qui marchandise l’humain.
L’enjeu est de taille. Au delà de la défense d’un lieu, ce qui se joue ici, c’est le maintien d’une diversité d’offres culturelles et de modèles d’accès et de participation à la culture au coeur de nos territoires de vie, de sorte que chacun.e puisse découvrir, pas seul.e devant un écran, mais bien ensemble, dans des relations sociales, directes, sensibles, une œuvre humaine.
La Clef Revival continue sa lutte et sa programmation hors les murs, avec le soutien d’autres cinémas indépendants. Retrouvez-les notamment le 9 mars à l’Archipel pour la projection de 2 documentaires qui ont pour objet central la salle de cinéma, suivis d’une rencontre avec des cinéastes, producteurs, journalistes… et amateurs de salles !