Créée en 1999, l’association Minga amorce un premier virage décisif quand éclate la crise alimentaire d’abord, puis financière de 2008. La situation amène de nombreux débats qui aboutissent à préciser le positionnement de l’organisation lors de son AG de 2013. Depuis, sa propre situation, pas isolée des problématiques rencontrées par ses adhérents et le monde du travail et des métiers dans son ensemble, l’amène de nouveau à préciser ses engagements et à se doter d’un plan de développement, début 2018, pour renforcer les démarches en cours et étendre nos coopérations à partir des territoires.
Minga de 2013 à 2016, en chemin vers l’affirmation de sa dimension à la fois professionnelle et politique.
Quand Minga adopte son nouveau positionnement en 2013, c’est bien pour marquer qu’elle tient à se poser là où se joue et dénoue la crise démocratique : dans le monde du travail et des métiers, là où l’attention peut être tournée sur les conditions matérielles d’existence de tout à chacun. S’il y a une économie à re-penser et re-construire, cela ne peut être fait qu’à partir des réalités vécues par le monde du travail (Minga incluant dans ce monde les personnes sans emploi, les jeunes en formation, les retraités…), qu’en partant des différents territoires et conditions de vie et de travail des gens.
Quelques moments clefs :
- 2013 : Chute du Rana Plaza au Bangladesh, qui engage Minga à ne pas oublier le poids de l’industrie textile dans l’économie et ses conséquences sur la vie des travailleurs, et à soutenir et relayer par suite « le manifeste d’une profession en péril » des détaillants indépendants de vêtements (4 juillet 2014)
- 17 juin 2013 : Minga dénonce l’action menée par la FDSEA d’Île-de-France pour « déloger » des familles de gens du voyage en répandant du lisier sur le terrain avec le soutien de quelques élus locaux. A l’heure où « l’ensemble de la profession agricole a besoin d’être soutenue par la société française, cette action nous apparaît syndicalement irresponsable » car ce n’est pas à « une organisation syndicale de jouer les auxiliaires de police en faisant justice elle-même (…) dans un État de droit dont la devise reste : Liberté, Égalité, Fraternité».(http://minga.net/gens-du-voyage-derapage-syndical-de-la-fdsea-ile-de-france/)
- mai 2014 : l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (UDES) publie une Tribune qui nous fait réagir. Face au président de l’UDES pour qui la seule voie possible pour sortir durablement de la crise, c’est de renforcer la compétitivité des entreprises, en réduisant le coût du travail, Minga tient à rappeler qu’ « au lieu de singer le capitalisme, l’ESS gagnerait en crédibilité en étant plus transparente, plus en lien avec le monde du travail et des métiers, plus solidaire avec celui des intermittents, travailleurs précaires ou des sans-emploi.» (http://minga.net/les-employeurs-de-leconomie-sociale-et-solidaire-dans-le-monde-du-travail-et-des-metiers-ou-dans-celui-du-medef/)
- mars 2015 : Minga décide de réduire ses frais de structure en vue de consacrer davantage de temps à une plus large mise en commun de son objet, à renforcer et à étendre les coopérations de ses adhérents avec d’autres gens de métier. Elle organise dans ce but une première convention d’affaires dédiée aux professionnels de l’alimentation en IDF, puis une seconde à Saint-Denis en mars 2016
- novembre 2015 : Après avoir rappelé qu’il conviendrait d’en finir avec le corporatisme (http://minga.net/depasser-le-rsi-pour-aller-vers-un-regime-universel-de-protection-sociale-de-toutes-les-formes-de-travail/), Minga appelle à l’occasion des élections régionales à ne plus seulement à s’adresser à l’Etat, mais à construire localement des coopérations qui permettent de peser sur les politiques territoriales des collectivités (http://minga.net/?s=élections+régionales).
- décembre 2015 : Minga signe « sans réserve les appels unitaires « nous ne céderons pas », puis « Sortir de l’état d’urgence » pour renforcer la démocratie afin de réduire toutes les formes d’insécurité.
- avril 2016 : Minga se positionne contre la réforme du code du travail « qui nous ramène à la loi Le chapelier où le contrat social disparaît, où chacun devient entrepreneur de lui-même en compétition contre tous les autres : la guerre des pauvres entre eux pour avoir un emploi et s’appauvrir dans l’emploi (…) Alors que l’évasion fiscale est estimée en France à 80 milliards d’euros par an, que le niveau d’imposition des entreprises du CAC 40 est en moyenne de 8 % contre 22 % en moyenne pour les PME, (…) une réforme fiscale juste et efficace serait d’investir davantage dans une économie de proximité dans les secteurs du logement, de l’alimentation, des énergies renouvelables, des transports, de l’éducation, de la recherche, de la santé, là où existe une multitude d’initiatives économiques menées par des travailleurs soucieux de travail bien fait, qu’ils soient dans le secteur privé ou dans le secteur public.» (http://minga.net/non-a-la-contre-reforme-du-code-travail/). Une position qu’elle réaffirme fortement en juin face au positionnement de l’UDES : http://minga.net/les-organisations-patronales-au-service-dun-changement-de-regime/
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octobre 2016 : Le rapport officiel sur la revitalisation commerciale des centres-villes est publié qui a le grand mérite de rappeler qu’un local commercial sur 10 est inoccupé aujourd’hui. Il occulte cependant l’impact des conséquences des politiques publiques menées depuis 15 ans : http://minga.net/la-revitalisation-commerciale-des-centres-villes-plus-de-cooperation-moins-de-bureaucratie/
Les premiers pas, de 1999 à 2013, de la défense d’un commerce équitable à celle d’une économie équitable
A sa création en 1999, Minga est fondée par des commerçants (et plus singulièrement la coopérative ANDINES) importateurs, grossistes et détaillants qui sont engagés dans une démarche d’équité commerciale. Les objectifs de Minga étaient alors de :
- résister à l’évolution marketing du commerce équitable liée à la commercialisation de produits alimentaires en grande surface,
- défendre un point de vue, partant de la pluralité des pratiques et des réalités de métiers vécues le long des filières commerciales, notamment auprès des pouvoirs publics (comme dans le cadre des travaux de l’AFNOR à propos de la normalisation du commerce équitable).
Refusant de réduire l’engagement « commerce équitable » à un argument de vente, Minga aborde le sujet comme une démarche professionnelle qui engage à penser l’équité tout le long d’une filière, et pas en pensant seulement à l’amélioration des conditions de vie et de travail des producteurs des pays du sud. A partir de 2008, la crise, alimentaire d’abord, puis financière amène l’association à préciser son positionnement, à recentrer son attention sur le monde de du travail et des métiers, au niveau local comme international.
Quelques dates-clés
- 2000 – 2006 : Participation aux travaux de l’AFNOR
- 2005 – 2007 : Organisation des salons Equitexpo, salon international pour un commerce équitable et mise en place d’un système de Garantie et d’Améliration Participatif (SGAP) devenu le Système d’Analyse des Filières (SAF)
- 2007 : Participation à la rencontre internationale ISO-COLPOCO sur le sujet du commerce équitable à Salvador de Bahia (Brésil) – télécharger le communiqué
- 2008 – 2012 : Coordination du collectif du « Printemps pour une économie équitable »
- 2009 – 2012 : Animation des campagnes d’interpellation politique « Alimentons l’Europe », «Alimentons les régions » et « Alimentons 2012 »
- 2011 : Organisation de la première convention d’affaires dédiée à renforcer les coopérations entre acteurs des filières alimentaires à partir d’un territoire, à Poitiers.
- 2013 : Organisation de rencontre nationale de jeunes professionnels et citoyens sur les enjeux alimentaires + re-positionnement de l’association pour « agir ensemble pour une économie équitable ».