« Les Racines du Ciel » est une SARL de création de vêtements fondée en juillet 2005 à l’initiative de Nathalie Goyette et de Christian Tournafol, s’inscrivant dans une démarche écologique et équitable. Le nom de l’entreprise est un hommage au livre de Romain Gary, prix Goncourt 1956, roman écologique sur l’extermination des éléphants en Afrique centrale à la fin de l’empire colonial français.
Nathalie et Christian, respectivement acheteuse pour une grande marque française au Japon, et styliste, aiment les beaux vêtements, les belles matières et tous les savoir-faire qui s’y rattachent. Passer de la fast fashion où l’achat compulsif fait oublier le vêtement et ceux qui les produisent au slow wear, où la marchandise redevient un vêtement que l’on aime porter dans le temps, positionne l’objet de leur entreprise.
Travaillant des matières écologiques associées à des modes de production respectueux des règles de l’O.I.T.( Organisation internationale du Travail), Les Racines du Ciel a toujours refusé de réduire ses engagements écologiques et éthiques à un argument de vente : la qualité du produit est le vecteur des engagements de l’entreprise.
L’entreprise réalise deux collections par an (Hiver, Été) qui sont distribuées dans des magasins multi-marques en France et à l’international.
Comment avez-vous fait pour trouver des financements sur le secteur d’activité fragilisé du textile en France, de surcroît avec des engagements éthiques ?
Après avoir suivi le stage de Quatre Mâts Développement sur le sujet du commerce équitable pour construire un plan d’affaire, c’est dans un premier temps Dominique Carliez, au titre de président du directoire de la Société Coopérative de capital Risque Garrigue, qui a soutenu le projet. À partir de ce soutien, nous avons obtenu l’investissement de Bretagne Capital Solidaire (B.C.S.) qui a facilité une aide auprès de la banque sans caution personnelle. Aujourd’hui l’ensemble des crédits a été remboursé.
Au moment de la création, avec le désir d’entreprendre rapidement, j’ai sous-évalué les besoins en trésorerie. Par conséquent, maintenir le niveau d’exigence que nous nous sommes fixé s’est fait au détriment de la rétribution de notre travail et par un surinvestissement en temps.
Comment faites-vous pour choisir vos matières et vos façonniers ?
Par le hasard des rencontres et par une veille permanente auprès d’articles de journaux. Mais globalement, l’offre de matières écologiques de qualité est restreinte dans sa diversité.
Au niveau des usines, le choix retenu est un niveau de standard élevé en matière d’engagements sociaux. Nous recherchons des pôles de production cohérents qui regroupent dans un petit périmètre filature, confection et teinture par souci écologique et pour faciliter la production. C’est surtout le cas pour la confection de nos jerseys en coupé-cousu au Portugal.
Est-il facile de défendre des savoir-faire artisanaux ?
Non, car le calendrier de 2 collections par an est peu compatible avec le rythme d’une production artisanale. De plus, le produit livré doit être strictement conforme à la collection présentée, ce qui dans un processus artisanal est très difficile à tenir.
Seule une responsabilité partagée par l’ensemble de la filière jusqu’au consommateur peut aider à la préservation des savoir-faire artisanaux, en dehors des pôles de luxe.
En 10 ans, beaucoup d’entreprises dans la mode éthique ont disparu. Avec le recul, quel regard portez-vous sur la mode éthique ?
Éthique ou pas, le secteur du textile est marqué par un grand turnover, à fortiori quand on assume un engagement équitable et écologique avec des prix plus chers. Entre les déclarations de bonne intention d’achat et la réalité, il y a un gouffre. Les marques qui ont fait passer leur engagement avant la qualité du produit ont plus de mal à tenir durablement.
Les détaillants multi-marques indépendants semblent aussi peiner à se maintenir. Est-ce que cela affecte votre entreprise ?
Sans un réseau de détaillants multi marques « les Racines du Ciel » n’aurait pas pu voir le jour. Nous sommes donc particulièrement sensibles aux difficultés que rencontrent les détaillants indépendants, particulièrement en France : immobilisation foncière conséquente, saison décalée, solde flottante…
Les clients n’ont plus de repère en terme de prix. Comme pour d’autres secteurs d’activités, et malgré le développement de la vente en ligne, le maintien des commerces de proximité est important pour la vie des centres-ville.
Quels ont été les moments les plus difficiles qui ont failli vous faire renoncer ?
Les difficultés de production et de ne pas se sentir toujours à la hauteur des exigences que nous nous sommes données.
Quels sont vos plus grands moments de satisfaction ?
Découvrir de nouvelles matières et la satisfaction de nos clients. Arriver après des années d’efforts à pouvoir nous rétribuer correctement.
Quels sont vos projets ?
Reprendre un second souffle et lancer une collection pour homme fin 2016. À terme, réfléchir avec d’autres partenaires à des espaces de ventes pour défendre un art de vivre d’une sobriété élégante, en peu sur le modèle des boutiques « lifestyle » qui sont assez développées au Japon.
Après un long compagnonnage avec Minga, quelles sont les raisons qui vous invitent aujourd’hui à nous rejoindre ?
Se regrouper pour peser ensemble sur des choix de développement et des choix de société que nous partageons avec Minga.
Les Racines du Ciel
3, rue Jules Simon
29 000 Quimper
02 98 53 68 45