Minga soutient l’initiative «Nous voulons des coquelicots» pour interdire l’usage des pesticides.

Changeons de braquet :
Remettons la loi au service de nos droits fondamentaux.

 

La radicalité positive de l’appel «Nous voulons des coquelicots» nous parle. Elle nous parle parce que nous rassemblons des professionnels, artisans de métier, qui payent cher leur engagement professionnel au service de l’intérêt général.

C’est le cas de producteurs de produits biologiques qui doivent justifier de leur pratique, prouver qu’ils n’usent pas de pesticide, payer celui qui les contrôle et, comble du cynisme, ne pas bénéficier des mêmes aides publiques malgré les beaux discours et les belles intentions radotés depuis des décennies.


C’est le cas des pécheurs et conchyliculteurs qui subissent par le lessivage des sols les effets cocktail des pesticides dans le milieu marin qui, en modifiant au stade larvaire le phyto et zooplancton, contribuent à la prolifération de dinophysis rendant les coquillages impropres à la consommation.
C’est le cas d’artisans semenciers qui doivent subir une législation dissuasive parce qu’ils refusent de privatiser le vivant et qu’ils défendent pour leurs clients, jardiniers et paysans, la liberté de produire eux-mêmes leurs semences.
C’est le cas de cuisiniers qui, pour proposer une alimentation propre, bonne et juste pour tous, en sont réduits à se précariser pour rester cohérent avec l’idée qu’ils se font de la qualité de leur métier.
C’est le cas de chocolatiers qui, respectueux du travail de leurs fournisseurs, s’écartent des filières agro-alimentaires qui maintiennent une culture coloniale où les producteurs des pays pauvres restent des fournisseurs de matières alimentaires à bas prix.
C’est le cas de professionnels du bâtiment, des architectes au second œuvre, qui ont d’abord le souci des matériaux utilisés, de la santé et du bien-être des humains qui habitent les bâtiments, avant de penser à ceux qui investissent dans la pierre.
C’est le cas de fabricants de vêtements écologiques qui, conscients que la production de coton consomme à elle seule 24 % de la production mondiale de pesticides dont certains sont classés par l’OMS comme «extrêmement dangereux», tiennent leur engagement professionnel dans une indifférence quasi générale, tout juste abordé de temps à autre comme une niche commerciale, une tendance, par des multinationales du textile championnes de l’évasion fiscale.
Et c’est aussi le cas de commerçants qui ne veulent pas réduire leur engagement à un argument de vente.

La politique des petits pas défendue depuis des décennies pour ménager la chèvre et le chou écrase toujours les mêmes pieds, et met en péril notre santé à tous.
Il y en a assez. Ce n’est pas à celui qui a le sens de l’intérêt général de se sacrifier. Il faut inverser la charge : c’est aux pollueurs de payer et de rendre des comptes de leurs crimes et délits à la justice.
C’est la loi maintenant qu’il faut viser et l’appel des coquelicots a le grand mérite de nous inviter à le faire.
C’est la loi qui doit changer et cela ne pourra seulement se faire sous la pression de l’opinion. Il ne suffit plus d’interpeller les politiques. La situation appelle à être politique. Elle impose de s’organiser pour construire des rapports de force sans complaisance aussi bien à l’égard des parlementaires et des lobbyistes que des grandes fédérations associatives environnementalistes qui légitiment le green washing.

« Nous voulons des coquelicots » est un formidable appel à la réconcilation entre le monde du travail et des métiers et celui des associations de protection de la nature et de la santé. C’est dans cet esprit que nous nous y associons.