Le Bara Soup de Quimper adhère à Minga.

« Bara Soup » a été créé en 2009 à Quimper par Colette Moreau. Sensibilisée dès l’enfance par son père à l’ écologie, Colette a baigné dans un milieu attentif à la qualité alimentaire, si bien que, sortie tôt du cursus scolaire, elle a travaillé pendant 15 ans dans des restaurants où elle a appris le métier de serveuse sur le tas, jusqu’à devenir maître d’hôtel en traiteur. Et c’est en 1983, lors d’un séjour à Dublin en Irlande qu’elle a découvert les coffee shops (petite restauration sur place ou à emporter) qui attirent particulièrement son attention.


Continuant de faire le lien entre ses aspirations personnelles et son aventure professionnelle, Colette a  travaillé ensuite 8 ans chez le dernier disquaire indépendant de Quimper; la musique étant une autre de ses passions. Une expérience enrichissante qui prend fin avec la crise du CD en 2004. Avec la prime de licenciement et quelques sous de coté, Colette décide de franchir le cap et de se mettre à son compte.
Un reportage sur le premier bar a soupes de Paris, ouvert rue de Charonne en 2000, fait écho à ses envies.

L’objectif de Colette est alors de répondre aux attentes des usagers du centre ville qui souhaitent manger bon, sain et rapidement le midi. Comme le nom de l’enseigne le précise; « Bara », qui signifie « pain » en breton, marque bien l’idée de proposer des sandwich aussi bien que des soupes. Après avoir suivi une formation en cuisine macrobiotique et testé quelques recettes, elle décide donc de faire le grand saut dans le chaudron ! Et trois difficultés se présentent à elle.

La première difficulté : réussir à obtenir un crédit bancaire quand on n’a pas de diplôme et que l’on refuse de mettre en caution son lieu d’habitation et d’obéir à cette injonction morale de banquier qui juge que « si l’on ne met pas tout en jeu, si l’on ne risque pas tout, c’est qu’on ne croit pas à son projet ». De plus, à l’époque, les banques manquaient de critères d’analyse pour appréhender économiquement un projet de transformation de produits bio. Colette a essuyé ainsi le refus de quasiment toutes les banques de la ville avant d’obtenir un emprunt garanti par BDI (Bretagne développement innovation).

La seconde difficulté, était d’accéder au foncier pour installer son activité. Face à la rente foncière urbaine qui a les moyens de laisser des locaux commerciaux vides pendant des années, elle se retrouve sensiblement devant le même problème que celui d’un jeune agriculteur à la recherche d’une terre pour s’implanter. Trouver un local bien situé, sans que le coût du fonds de commerce siphonne d’entrée ses apports et que celui du loyer vienne pomper le revenu de son travail est un parcours épuisant et solitaire.

La troisième difficulté concerne les approvisionnements. Au départ, Colette souhaitait travailler avec les maraîchers et les éleveurs bio du marché de Quimper auprès desquels elle se fournissait déjà pour sa consommation personnelle. Mais n’exerçant qu’en vente directe, la plupart ne souhaite pas ou ne sait pas comment établir une relation de coopération avec un autre professionnel.

Dans ce contexte, le revenu de son travail devient la variable d’ajustement pour accompagner la montée en charge de l’activité. Une situation d’autant plus difficile à tenir quand l’activité appelle à embaucher et à répondre à des obligations d’employeur sans pouvoir tirer un revenu de son activité. C’est grâce à l’engagement professionnel de Michel, son conjoint, qu’elle arrive à tenir le coup.

Mais c’est aussi cette même intégrité professionnelle qui a conduit Colette à adhérer au convivium local de Slow food1 , et à partager avec d’autres professionnels de la restauration les enjeux qui motivent son propre engagement. Cette adhésion lui a donné l’occasion de découvrir à Turin, lors de la rencontre de Terra Madre, le vaste univers international des acteurs professionnels et citoyens qui se mobilisent autour de Slow food. Et de partager une nouvelle proximité professionnelle avec Xavier Hamon, restaurateur à Quimper (au comptoir du théâtre), animateur local de Slow food (Les palais de Cornouaille) et responsable du lancement de l’Alliance des cuisiniers en France à laquelle adhère le Bara Soup.

Malgré la passion éprouvée pour son travail, les duretés des épreuves ont quelque peu abrasé son élan au fil du temps, notamment à cause du manque de reconnaissance de certains militants écologistes jugeant sa logique marchande (eh oui, c’est un commerce !) et contestant son désir d’ouverture à une plus grande diversité de clientèles.

Pour Colette, à Quimper, comme à Paris, Dublin ou Turin, un Bar à soup, ne peut être que populaire et répondre à la petite musique de son temps : une alimentation de qualité, le plaisir de bien manger, même le midi.

Bara Soup
34 rue St Mathieu
29000 Quimper
02 98 53 77 66
http://barasoup.blogspot.fr/

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1- Bons… goûteux et savoureux, frais, capables de stimuler et de satisfaire les sens.
Propres… produits sans porter atteinte à l’environnement et sans mettre en danger la santé de quiconque.
Justes… respectueux de la justice sociale, c’est-à-dire avec des rétributions et des conditions de travail et d’échange équitables de la production à la consommation.