Les auto-entrepreneurs sont des travailleurs comme les autres, sauf qu’ils n’ont pas les mêmes droits.

série TV "le prisonnier"

série TV « le prisonnier »

La faillite de la start’up « Take eat Easy » (plateforme numérique de service de livraison à vélo des restaurants en ville) en juillet, révèle la réalité économique et le mode d’organisation sociale de certaines entreprises du numérique. Cet événement met à nu les limites d’un modèle d’organisation du travail et de réussite sociale fondé exclusivement sur l’entrepreneuriat.

D’un coté, l’entreprise laisse une ardoise à une multitude de restaurateurs qui ont fait appel à ce service. De l’autre, sa faillite met plus de 4 500 coursiers à vélo sur le carreau en Europe, et 2 500 en France qui ne toucheront pas le revenu de leur travail du mois de juillet.

L’entreprise « Take eat easy » employait des cyclistes exerçant l’activité de coursier sous statut d’auto-entrepreneur, et ce statut entrepreneurial l’exonère de toute obligation en tant qu’employeur : congé payé, assurance chômage, couverture sociale, droit à la formation… restent à la charge de ses « collaborateurs ». N’ayant aucune obligation légale de provisionner le travail réalisé par des tiers, en cas de faillite, les prestations non réglées sont en effet considérées comme de simples créances parmi d’autres.  Une aubaine qu’avait anticipé le fondateur de « Take eat easy » qui l’exprimait sans détour, quelques mois auparavant, à l’occasion d’une nouvelle levée de fonds de 10 millions d’euros :  «Nous avons étudié cette question avec nos conseillers juridiques. Normalement, les coursiers ne pourraient pas se retourner contre nous, l’assurance est à leur charge». Quant à l’argument écolo du vélo, il justifiait ce choix  « Pour des raisons opérationnelles et marketing (…) nous prenons des gens qui présentent bien, c’est autre chose que les livreurs à scooter qui arrivent avec leur casque sur la tête»1

L’entreprise « Take eat easy » est loin d’être un cas isolé, d’autres plateformes fonctionnent sur le même modèle, peu respectueux du travail, des restaurateurs et des coursiers. Et ce, alors même que ce travail contribue à répondre d’une préoccupation montante dans la société, particulièrement en ville, en facilitant l’accès à une alimentation de qualité et qui plus est, par un mode de transport décarboné du dernier kilomètre comme celui du vélo.

Cette situation, et bien d’autres qui touchent au défaut de reconnaissance et de protection sociale du travail exercé sous statut indépendant, posent question : comment agir avec les entrepreneurs qui font partie intégrante du monde des métiers et veulent bénéficier d’un revenu et d’une protection sociale sociale décente de leur travail ?
Cette question nous concerne. Elle est au cœur de notre positionnement et de ce qui rassemble les membres de Minga .

Comme les cavistes, les restaurateurs, les brasseurs, les traiteurs, les cafetiers, les maraîchers, les éleveurs, les artisans semenciers, les bouchers, les boulangers, les épiciers… les livreurs à vélo ont toute leur place dans le développement des métiers et des filières alimentaires de proximité et de qualité.

1.Take Eat Easy, un « Uber » de la livraison par vélo lève 10 millions d’euros- septembre 2015 – La Tribune http://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/distribution/take-eat-easy-un-uber-de-la-livraison-par-velo-leve-10-millions-d-euros-501972.html