Eau, le combat vital

illustration l. Van Helle – www.tengraphicdesign.net

MOBILISATION GENERALE LES 29 ET 30 OCTOBRE :

TOU.TE.S À SAINTE-SOLINE !

Après un été caniculaire qui devrait amener les dirigeants politiques à la raison, l’entêtement des pouvoirs publics pour satisfaire la fuite en avant productiviste de l’agrobusiness, notamment à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, en autorisant la construction d’une Méga bassine de 480 par 280m par 10m de profondeur, pour 720 000 m³ d’eau pompée dans les nappes phréatiques est … ahurissant !

Aujourd’hui, la mobilisation ne peut plus seulement concerner les organisations activistes et entretenir une division des tâches entre entrepreneurs alternatifs d’un coté et militants et syndicalistes de l’autre. La lutte et l’initiative doivent aujourd’hui marcher de concert.

On ne peut pas promouvoir une agriculture biologique, les semences variétés populations, des modes de production et de distribution plus sobre en eau et en énergie, sans être aux cotés des faucheur·euse·s volontaires d’OGM et de celles et ceux qui luttent contre les fermes-usines et les mega-bassines.

L’autonomie que nous défendons dans nos initiatives professionnelles, en cherchant des alternatives au capitalisme, en refusant la maltraitance des humains et des autres espèces vivantes, dans le champ de l’Économie Sociale et Solidaire pour certains, nous porte ensemble du côté de la lutte.

Minga appelle tous ses adhérent⋅e⋅s et sympathisant⋅e⋅s professionnels à se mobiliser, et à mobiliser autour d’eux, pour stopper la méga-bassine de Sainte-Soline les 29 et 30 octobre prochains.

https://bassinesnonmerci.fr/index.php/2022/10/05/mobilisation-nation-les-29-et-30-octobre-tout-te-s-a-sainte-soline/

Minga,
AZADE (plateforme de distribution de produits biologiques),
la pépinière « Des fruits des fleurs »,
la menuiserie Girard,
Youpi au théâtre (restaurant à Gennevilliers) ,
les Racines du Ciel (marque de vêtements éthiques)
Biocoop les 7 épis à Lorient,
BaraTi’Pain, boulangerie au levain à Baratier
la SCOP Belzsaison, Biocoop à Belz
la SCIC « Graines de liberté- Hadoù ar frankiz »
Le comptoir du théâtre à Quimper

La désobéissance civile : un acte d’eco-responsabilité Républicaine.

Minga, signataire de l’appel « Notre solidarité responsable avec les militant.e.s de Bretagne contre les fermes usines ».

Le 19 mars 2022, le collectif « Bretagne contre les fermes usines » a mené une action de blocage d’un train de céréales à Noyal-Pontivy pour en déverser des dizaines de tonnes de blé destiné à l’élevage intensif et ériger en cela, symboliquement, « un mur en travers des voies de l’agro-industrie ».

Quand les humains qui travaillent dans l’agro-industrie sont traités comme des objets, et les animaux comme du matériel et du minerais,

Quand, après un été caniculaire, le gouvernement autorise la construction de méga-bassines qui assèchent les nappes phréatiques et des fermes usines de plus de 24 000 cochons,

Quand l’agro-business spécule sur les denrées alimentaires,

Quand l’État est condamné par deux fois pour inaction climatique, la désobéissance civile est un acte de responsabilité, un acte de citoyenneté plein et entier, l’essence même de ce qui fonde une République qui porte au front Liberté-Egalité-Fraternité

Minga, en tant qu’organisation professionnelle et politique, ayant pour horizon l’article 23 de la déclaration universelle des droits de l’Homme, ré-exprime en conséquence sa solidarité pleine et entière vis à vis des militant.e.s du collectif « Bretagne contre les fermes usines » avec 15 organisations associatives et syndicales.

Minga, le 3 octobre 2022

projet-de-communiqué-soutien-CBCFU-v16

Leur collecte de fonds pour se défendre au procès : https://bretagne-contre-les-fermes-usines.fr/collecte-de-fonds-pour-defendre-nos-activistes/

Jean Luc Brault nous a quitté

« Là où le sol s’est enlaidi,
là où toute poésie a disparu du paysage, les
imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent ».
Elisée Reclus, « Du sentiment de la nature dans les
sociétés modernes »

Nous avons fait la rencontre de Jean-Luc Brault, fondateur de l’établissement « Graines del païs », en 2014 à l’occasion d’une rencontre du Réseau Semences Paysannes. La première impression qui se dégageait de Jean Luc, c’est d’être un anti-conformiste, généreux, héritier d’une culture punk pour son goût de l’action. Ses chemises colorées façon africaines et ses chaussures type doc Martens à bout argenté étaient le reflet de sa personnalité. Issue d’une famille ouvrière d’Argenteuil, sa culture populaire l’éloignait de toute forme de corporatisme. Son engagement ne se réduisait pas à sa pratique, mais se nourrissait du souhait constant de partager et d’alimenter auprès d’autres, le sens de cette coévolution « plantes, hommes, terroirs » qui l’aimait et l’animait tant, pour faire reconnaître le métier d’Artisan Semencier et la semence variété population (variété de la population comme il aimait à dire) en tant que biens communs, libres de droits, prêtes à être adoptées par toutes et tous.

Adhérent à Minga, en 2017, Jean Luc s’est impliqué dans l’initiative « Graines d’un Paris d’avenir » avec l’Alliance des cuisiniers, puis en 2018 dans celle de « Graines d’une Bretagne d’avenir » qui a donné naissance à l’établissement semencier « Graines de liberté, Hadoù ar Frankiz«  en 2022.
Dans les différents échanges que nous avons eu avec lui, ce qui se dégageait, c’est sa curiosité, son appétit intellectuel et spirituel, une empathie qui interroge l’humanité, sans jamais être misanthrope. Nous lui devons une sensibilité humaine exacerbée dans tous ses rapports vivants, entre vivants, sans idéologie,  qui a marqué un tournant pour notre organisation.

A sa femme Emmanuelle, leurs enfants Camille, Antoine et Arthur et à l’équipe de Graines del pais, nous adressons nos plus sincères condoléances.

Salut et fraternité Jean-Luc, semeur de graines d’Humanité depuis son païs, pour tout le monde.

Le conseil d’administration de Minga

Un bout d’histoire de Jean-Luc : http://minga.net/graines-del-pais-artisans-semenciers-dans-laude-adhere-a-minga/

Les terres de Bretagne ne sont pas des biens spéculatifs :

Non à la « ruée vers l’or vert » ! 1

Laurent Vanhelle

La proposition de vente, sur le site « le bon coin », d’une « Micro ferme verger en permaculture » de 2,6 hectares, sans logement, à Edern, dans le Finistère, a de quoi faire bondir : selon les données de la SAFER, 200 000 euros, c’est 16 fois le prix moyen de l’hectare !

Que ce prix comprenne une part d’équipement, d’arbres, de plants et d’animaux, n’y change rien : comment des jeunes pourraient s’installer à ce prix sans se surendetter leur vie entière et dégager un revenu décent de leur travail ? Comment, avec un tel niveau de prix, les jeunes générations pourraient-elles « bifurquer » et relever les défis que les aînés leur laissent en héritage ?!

Comme pour la plateforme Airbnb, l’acheteur et le vendeur n’ont sans doute pas l’impression de déranger quiconque avec cette transaction, mais cette offre reste le reflet d’un individualisme libéral qui perd tout sens commun.
Alors qu’il est tout à fait possible de vivre de son travail en produisant une alimentation de qualité et accessible sur 2 hectares, une telle spéculation l’interdit à toutes celles et ceux qui en ont la compétence, mais pas de patrimoine pour l’exercer.

La multiplication de ce type d’investissement spéculatif va inévitablement engendrer des tensions, des frustrations et de la violence. Il est urgent d’agir ensemble, avec tous les habitants, pour sortir les territoires ruraux de la spéculation.

1 – « Lorsque l’économie est en crise, les investisseurs ont besoin d’être rassurés et ils s’orientent alors vers des produits financiers sûrs, peu affectés par la crise, voire même qui peuvent se bonifier quand les bulles spéculatives, elles, se dégonflent. C’est le cas de l’or ou encore des investissements dans la pierre. La vraie nouveauté, ici, c’est que ce n’est peut-être pas le marché de l’immobilier en ville qui pourrait cette fois en tirer les plus grands bénéfices ! » (La ruée vers l’or vert, tribune de JM Esnault – DG de The Land, https://www.the-land.bzh/2021/04/07/la-ruee-vers-lor-vert/)