Pour faire que toutes les agricultures soient biologiques,
la lutte et l’initiative, ça marche ensemble.
Un des aspects de la dépolitisation si préoccupante face à l’affaissement démocratique, face aux crises sociales, face aux menaces liées au changement climatique, est le discrédit général jeté avec virulence sur des actions militantes dites « radicales ». Le reproche fait à leurs auteurs est qu’ils perdent l’objectivité et la réflexion nécessaires alors que c’est précisément une analyse parfaitement objective de la réalité qui les conduit à mener des actions spectaculaires, en toute responsabilité, et ce dans le but délibéré de provoquer le débat politique.
La pétition, plus consensuelle, «Nous voulons des coquelicots» lancée en 2018, a certes recueilli 1 135 134 signatures. Cependant, quatre ans plus tard, l’usage des pesticides s’est malheureusement développé ; l’expression « agribashing » s’est imposée, en même temps que se mettait en place la cellule de gendarmerie « Déméter ». Et l’agrobusiness continue de tuer, rapidement ou à petit feu, celles et ceux qui y travaillent autant que celles et ceux qui en consomment les produits (cf. œufs en chocolat Kinder, pizzas «Fraîch’Up» de Buitoni du groupe Nestlé, pour ne citer que les exemples les plus récents).
Le silence politique quasi général sur le sujet est assourdissant, comme est indigne la condescendance ou la lâcheté à l’égard du monde agricole.
Une agriculture biologique ne peut pas se développer uniquement par le marché. Elle doit surtout, en Bretagne comme ailleurs, se confronter à un agrobusiness qui exploite les agricultrices et les agriculteurs, les salarié.e.s, qui chosifie l’animal, qui ignore délibérément la vie des écosystèmes. Cette confrontation passe forcément par des modes d’actions spectaculaires qui visent à provoquer le débat. Elle passe aussi, nécessairement, par des solidarités militantes et des coopérations de proximité.
Le 19 mars 2022, le collectif « Bretagne contre les fermes usines » a mené une action de blocage d’un train de céréales à Noyal-Pontivy pour en déverser des dizaines de tonnes d’un blé destiné à l’élevage intensif, érigeant pour cela, symboliquement, « un mur en travers des voies de l’agro-industrie ». Toutes celles et ceux qui travaillent et militent pour rendre biologiques toutes les agricultures, pour le respect des conditions de travail, du bien-être animal, des sols, des océans, des rivières et des rives, ne peuvent qu’être solidaires de cette action d’intérêt général, vital.
Minga, le 1 mai 2022
communiqué du « collectif Bretagne contre les fermes usines » : L’agro-industrie : une machine à gaspiller la nourriture !