Archives de catégorie : semences

Des soupes pour réchauffer nos humanités et entretenir une biodiversité cultivée

L’Association «Graines de Liberté» vise à la création d’un établissement semencier qui commercialisera des semences Variétés Populations, cultivées en Bretagne par des maraîchers co-acteurs du projet. L’un d’entre-eux devait sacrifier des courges pour leurs graines. Des adhérents de L’Alliance des Cuisiniers et Cuisinières Slow Food, co-fondateur du projet, se sont chargés de les transformer en soupes. Ainsi, ils ont élaboré 2 recettes à partir de butternuts et de potimarrons Green Hokkaïdo.

Les bénéfices des ventes iront à l’association «Graines de Liberté – Hadoù ar Frankiz »

Ces soupes sont disponibles auprès chez «Les Semeuses», épicerie vrac bio à Quimper, 6 place du 118ème R.i., https://fr-fr.facebook.com/LesSemeusesQuimper/

Les Maraîchers de la Coudraie 271 Route de Guengat, Quimper https://panierbiolacoudraie.org/
et auprès de l’association «A vos papilles» dans le Cap Sizun https://www.avospapilles.fr/accueil/

tous les samedi matin au marché de Quimper, par Stéphanie « des Fruits des Fleurs »

Marjorie - des Semeuses à Quimper

La pépinière biologique « Des fruits, des fleurs » adhère à Minga !

A travers le récit de son itinéraire personnel et professionnel, c’est une conviction forte que partage aujourd’hui Stéphanie fondatrice de la pépinière « Des fruits, des fleurs » : celle d’approfondir notre humanité par une relation aux plantes, sensible et pensée.`

« Avant d’exercer le métier de pépiniériste, j’étais formatrice en prépa kiné à l’institut régional sport et santé de Rennes. Pendant 12 ans, j’ai accompagné 5 classes de 40 élèves dans la préparation de l’épreuve de Sciences Physiques du concours. Il fallait créer dans les groupes une émulation telle que les élèves parvenaient à un niveau de performance et d’autonomie incroyable ! Je pouvais alors me retirer et n’intervenir qu’auprès des étudiants qui avaient encore besoin d’une aide personnalisée. J’ai adoré ce contact avec les jeunes ! C’était plus un métier de coach que de prof. Le rythme était extrêmement soutenu avec des tranches de 4 heures de « cours », des devoirs surveillés chaque semaine, des concours blancs 4 fois dans l’année ! On imagine pas le travail de préparation et de correction qui correspond, d’autant que chaque étudiant aime se sentir unique et qu’il faut personnaliser les corrections afin de mettre en lumière les points forts et les points faibles de chacun. Mon année de travail était concentrée sur 7 mois, de septembre à avril, ensuite les étudiants partaient pour une longue série de concours… Et pendant ce temps, je cultivais mon jardin.
J’ai quitté Rennes devenue trop chère pour m’installer avec mon fils de 4 ans à 35 km de là, en zone rurale. A l’époque, je louais une maison en terre et pierres ainsi qu’un terrain agricole où j’avais décidé de faire un potager de 2000 m2, avec 2 serres, des légumes, des petits fruits et des fleurs. J’ai commencé à la grelinette et j’ai récupéré des plants en échange de coups de main que je donnais à des maraîchers… Je savais déjà que je n’allais pas continuer d’être formatrice, pour plusieurs raisons…

  • travailler dans un secteur qui favorise la compétition, la sélection, l’élitisme, devenait trop difficile pour moi : accompagner les élèves suppose aussi de les soutenir dans les moments difficiles. Avec le stress et cette ambiance de concours, certain(e)s d’entre eux développaient des pathologies psychosomatiques : anorexies, crises de tétanie, burn out, dépressions pouvant aller jusqu’à l’hospitalisation, addictions… En les écoutant et en essayant de leur parler, je me rendais compte que j’étais complice d’un système déshumanisant et que cette stratégie du mérite frappait injustement des jeunes qui allaient jusqu’à perdre totalement confiance en eux et risquer de sombrer. Cette démarche allait à l’encontre de la célébration de la vie… Elle devenait insupportable pour moi.
  • accepter les nouvelles méthodes de management choisies par mon nouvel employeur était impossible. Je voulais garder une autonomie dans mon travail et refusais de participer aux stages d’émulation entres collègues et de me sentir de plus en plus évaluée sur mes résultats (en clair : le pourcentage de réussite et les retours des parents d’étudiants)
  • la course effrénée « métro boulot dodo » commençait à m’épuiser : 3 fois par semaine, je chargeais mon vélo et mon fils dans la voiture, le déposais à l’école à 5 km de chez moi, puis je prenais le train TER avec mon vélo et une fois arrivée à Rennes, il me restait 4,5km à faire : un vrai parcours sportif pour arriver au boulot !
  • l’absence de lien au quotidien avec la nature et la sensation d’enfermement en classe devenaient insoutenables : pendant mes heures de cours, je regardais par la fenêtre lorsqu’il faisait beau en me disant : mince ! J’aurais pu semer mes carottes… j’aurais pu faire ceci, j’aurais pu faire cela… autant de sentiments de frustrations qui alimentent l’aigreur  et l’insatisfaction au boulot !

Il ne me manquait sans doute qu’un déclic…

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Après 11 ans d’activité, Bara Soup, le plus grand petit restaurant de Quimper, ferme ses portes à contre cœur.

Membre de l’alliance des cuisinier.e.s Slow Food et de Mingaà Quimper, , Bara Soup est, pour nos associations, une institution vivante. Un lieu où l’on pouvait se restaurer le midi à Quimper d’une nourriture savoureuse et réellement nourrissante, en agriculture biologique, issue de maraîchers et d’éleveurs de proximité. Bara Soup représente l’incarnation même de ce que l’Alliance des cuisinier.e.s défend : ne pas négliger son alimentation le midi, prendre le temps de bien manger même quand le temps de pause est court.

Colette Moreau, sa gérante, a développé pour Bara Soup un circuit court alimentaire bien avant que cela devienne « tendance ». Malgré les difficultés économiques, Colette n’a jamais transigé sur la qualité de ses approvisionnements, ni sur ses convictions écologiques. Pour elle, les deux ont toujours été étroitement liés. Et cela allait de pair avec la qualité de son accueil : attentive à ce que les gens soient bien reçus, avec l’aide de son compagnon Michel, elle a soigné la dimension esthétique du lieu, fut-il un petit espace.

Par sa franchise, sa générosité et son humour, Colette nous a aussi bien nourri l’esprit, à travers la création du convivium Slow Food à Quimper, de l’Alliance des cuisiniers dont elle est cofondatrice avec Xavier, Patrice, Gigi,.. et de son implication dans Minga, notamment lors de la campagne « Graines d’une Bretagne d’avenir » où elle s’est engagée dans la promotion de semences paysannes, avec son amie Michèle, cheffe de culture aux Maraîchers de la Coudraie à Quimper.

Si Colette a dû se résigner à cesser son activité en août, c’est que la crise sanitaire a accentué une situation difficile. Outre un loyer trop important, Bara soup a aussi manqué de la reconnaissance des politiques de tous bords qui n’ont pas mesuré l’importance d’intérêt général que représente ce type d’activité en centre-ville, en dehors des périodes de campagnes électorales. Pour preuve, il y a peu, l’ancienne majorité municipale se félicitait d’avoir attiré à Quimper des enseignes de franchises de restauration rapide en centre-ville, sans que personne ne s’en offusque. Aujourd’hui, les élu.e.s de l’agglomération sont plus préoccupé.e.s par l’installation d’un entrepôt Amazon sur le territoire, que par l’effondrement de commerces de proximité indépendants en centre-ville.

Si Minga et l’Alliance des cuisinier.e.s Slow Food sont ce qu’ils sont aujourd’hui, c’est aussi grâce à Colette, une cuisinière qui aime son métier et assume pleinement sa responsabilité de restaurer nos humanités. Elles en ont bien besoin !

Bravo Bara Soup, merci Colette de nous avoir si bien restaurés pendant 11 ans !

L’Alliance des cuisinier.e.s Slow Food et Minga.

extrait d’un documentaire réalisé par Renaud Martinez pour Alliance des cuisiniers Slow Food.

Pour « Graines de Liberté –  Hadoù ar Frankis »

Solidarité avec les faucheuses et faucheurs d’OGM de Bretagne.

Pour la biodiversité cultivée et sauvage
et une démocratie vivante.

L’érosion de la biodiversité cultivée et sauvage en Bretagne comme ailleurs est un sujet grave. Le débat sur les OGMs, leurs disséminations et leurs importations, concerne toute la population de la Bretagne, celle qui vote comme celle qui s’abstient.

En France et en Europe, l’action des faucheuses et faucheurs d’OGM a été décisive pour sensibiliser l’opinion publique et faire avancer le débat public sur les menaces que font peser les OGM sur la biodiversité.

En Bretagne, leur demande de rencontre formulée à plusieurs reprises depuis décembre 2019 auprès des élus de la Région s’inscrivait dans cette même volonté d’ouvrir un débat démocratique sur le sujet; sachant que le soutien financier de la Région à l’importation de soja OGM qui contribue à l’accélération de la déforestation de l’Amazonie mise en œuvre par le gouvernement de Jair Bolsonaro questionnait la cohérence et la portée des politiques publiques en matière de biodiversité.

Devant le refus du président du conseil régional et du vice-président en charge de l’agriculture de les rencontrer, et faute de pouvoir assister à la séance du Conseil du 10 juillet sur le thème de « la préservation et la valorisation de la biodiversité », un groupe de faucheuses et faucheurs volontaires a donc mené une action de désobéissance civile pour ouvrir les portes du conseil pendant cette séance.

La peur ressentie par certain.e.s. élu.e.s a suscité une émotion disproportionnée qui est allée jusqu’à traiter, et laisser traiter, des citoyen.ne.s responsables et non-violents de « khmer vert » alors qu’ils ne faisaient que rappeler que le Conseil régional ne peut pas rester une enceinte fermée à la diversité de la population.

Sans les faucheuses et faucheurs volontaires, les délibérations de l’assemblée régionale contre les OGM n’auraient été que des vœux pieux de même que, sans les militants de ZAD, la zone humide de Notre-Dame-des-Landes serait bétonnée depuis longtemps.

La biodiversité écologique et la vie démocratique respirera et s’épanouira en Bretagne :

• Quand tous les journalistes pourront faire leur travail d’enquête sur les scandales sanitaires engendrés par l’agro-industrie sans être entravés et confrontés à la violence d’intimidations inacceptables.

• Quand les faucheuses et faucheurs d’OGM, au lieu d’être méprisés, stigmatisés et criminalisés seront reçus et entendus par les élus comme des acteurs majeurs de la préservation et la valorisation de la biodiversité.

• Quand tous les intérêts en jeu seront rendus apparents, formulés et débattus, et plus étouffés sous des formules creuses comme celles de la « transition écologique » et de l’« agriculture durable »

Depuis longtemps, dans l’alimentation, dans l’éducation, la recherche, la culture, et la santé, il existe des milliers de professionnels qui assument leur métier au regard de la gravité de la crise écologique et n’ont pas attendu ni des opportunités de marché ni des médailles pour assumer leurs responsabilités d’êtres humains. Solidaires des faucheuses et faucheurs, ils n’ont plus rien à attendre de politiques qui refusent de sanctionner des pollueurs, qui étouffent l’engagement militant et qui accompagnent la privatisation des services publics.

La noblesse de la politique, quand on se dit démocrate, c’est précisément de donner corps au débat des idées et des faits, pas de criminaliser ni de mépriser les engagements de celles et ceux qui ont le souci de l’intérêt général.
L’assemblée régionale doit être une assemblée ouverte à des débats difficiles et à des réalités tragiques, pas une assemblée repliée sur elle-même, et encore moins sur des peurs pour éviter d’avoir à trancher.

Le 11 août 2020

Minga, la fédération Nature & Progrès, le syndicat des artisans semenciers, L’Alliance Slow Food des Cuisinier-e-s en France

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